Depuis des semaines, voire des mois, des entreprises de divers secteurs d’activité du bassin pontivyen (Morbihan) ont les plus grosses difficultés à trouver des salariés pour occuper des postes vacants. Des responsables et chefs d’entreprise témoignent.
La banderole s’étale sur un rond-point tout proche du nouveau contournement de Locminé (Morbihan) : chez Globe Traiteur à Moustoir-Ac, des CDI sont à pourvoir depuis début décembre. Un pâtissier, un cuisinier, un responsable de salle
, confirme Olivier Le Cadre, qui gère une équipe de quinze personnes.
Certes, l’activité a baissé ces derniers mois avec la crise sanitaire et les restrictions liées, ce qui a différé l’urgence de trouver du personnel. Mais en perspective d’une levée de contraintes et d’une reprise des soirées en extérieures et des mariages, le responsable sait qu’il va devoir trouver. On risque d’avoir un coup de collier, des tensions sur le personnel. Alors on cherche.
Il note que la situation s’est complexifiée. C’est difficile de promettre une vision
au vu de la conjoncture. Et malgré quelques appels reçus, il sait que demander de travailler le week-end, notamment les samedis soir est un frein pour les candidats. Pour autant, il n’aime pas que la situation du monde de la restauration et son contexte de recrutement difficile soient toujours mis en avant. Ce que j’aime bien dire, c’est que ce n’est surtout pas le moment de lâcher. Il y a des bons postes, avec des possibilités d’évolutions, des opportunités avec cet effet d’appel d’air
, assure-t-il.
Lui qui cherche aussi au moins cinq extras
a d’ailleurs mis en place un réel levier. J’ai installé des logements pour mon personnel. J’en ai trois à louer. C’est primordial de le proposer pour faire venir à Locminé ou Moustoir-Ac, quand on sait le prix de l’essence, qu’il n’y a que quelques pauvres bus et que les horaires de la profession sont tardifs. S’il n’y a pas de frein à la mobilité et au logement, c’est déjà un aspect de résolu.
La situation est d’autant plus critique qu’elle est comparable dans beaucoup de secteurs d’activité. Renald Le Roux, responsable de Le Roux Constructions à Moréac cherche des maçons depuis un an et demi, deux ans, sans pouvoir trouver
. Il le sait, le métier est difficile, pas attractif. Ça ne fait pas rêver
, mais c’est un métier qui paye. Un jeune qui commence peut avoir 2 000 €.
Comment expliquer cette pénurie générale ? Selon lui, c’est l’évolution des 25, 30 dernières années. On a forcé nos enfants à faire de grandes études, on a délaissé les métiers manuels. Et certains se sont creusé la tête et reviennent à des trucs qu’ils avaient voulu faire. Et ça ne va pas aller en s’améliorant. Tirer les gens du canapé pour aller dans le bâtiment, ça ne marche pas
, insiste-t-il, avant d’exprimer la situation en chiffres : En plus de moi, on est sept dans l’équipe. On était douze il y a une quinzaine d’années.
Une chargée de ressources humaines d’un groupe agroalimentaire du bassin pontivyen le souligne : On ne sait pas où sont les gens !
Dans son groupe aussi, on recherche des techniciens de maintenance, des conducteurs de lignes et de machines. Sans grand résultat. On se rend compte que c’est plus compliqué qu’avant. Peut-être que l’effet baby-boom, dont on ne parle pas trop, joue aussi. Beaucoup de personnes partent à la retraite. Mon ressenti, c’est que cette tendance existait avant la crise sanitaire mais que le Covid a accéléré le phénomène. La question est : est-ce que nos métiers attirent ? Je ne suis pas sûre
, confie-t-elle. Les 3-8, les gens n’en veulent plus. Il faut peut-être nous remettre en question, être plus attractifs.